Si son bateau participe à la 8ème édition du Vendée Globe avec Paul Meilhat aux commandes, François Gabart a choisi de naviguer sur multi-coque pour se lancer dans une campagne de records en solitaire. Après avoir remporté le Vendée Globe, la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre et The Transat, le marin de 33 ans s’attaque au record de la traversée de la Méditerranée et plaide pour la préservation des océans.
Prise de Conscience et Environnement
« Je crois beaucoup à la prise de conscience individuelle et sa vertu contagieuse »
Contrairement à la Formule 1 ou au cyclisme, terni par le dopage, la voile bénéficie d’une image plus vertueuse en matière de respect de l’environnement et les skippers semblent plus conscients de leur impact sur l’environnement. François Gabart le confirme :
« La jeune génération est bien éduquée, l’écologie est dans notre ADN. Je pense qu’on fait tous en sorte de rentrer propres. Quand on a la chance d’évoluer dans une nature si belle, on n’a pas envie de l’abîmer.»
Pour le skipper de 33 ans, en matière d’énergie, le bateau, c’est avant tout très éducatif.
« Il n’y a rien de mieux que de se retrouver autonome à produire sa propre énergie. En mer, on commence par ne pas surconsommer en se limitant à l’utile, à l’essentiel. Ensuite, on recherche les énergies propres et naturelles. À commencer par le vent pour les éoliennes, le soleil avec les panneaux et la vitesse sur l’eau avec les hydrogénérateurs, qui sont de plus en plus efficaces. Grâce au monde de la course au large, on les retrouve désormais sur de nombreux bateaux de plaisance. «
Nautisme Durable et Innovations
Le nautisme durable est aujourd’hui devenu une réalité pour les professionnels. Il se caractérise d’abord par la volonté d’intégrer la préoccupation environnementale tout au long du cycle de vie d’un bateau, et ce, jusqu’à la mise en place d’une filière de déconstruction. Chaque « segment » intègre cette dimension : modes de propulsion innovants, peintures antifouling, économie d’énergie, bio détergent, gestions des déchets…
Respect des Océans
Le respect des océans, François Gabart y est sensibilisé depuis l’âge de 7 ans, durant une traversée de l’Atlantique avec ses parents.
« La gestion des déchets, qu’il est hors de question de jeter à la mer, apprend des trucs et combines pour bien gérer et diminuer le volume des déchets. Aujourd’hui, quand je fais un avitaillement pour le Vendée Globe ou une autre course au large, j’attache beaucoup d’importance à n’embarquer aucun emballage superficiel. Nos habitudes terrestres sont effrayantes, au vu de la place que prend le superflu. »
Pollution Marine et Solutions
« On ne prend pas assez en compte la dimension maritime dans la lutte contre la pollution »
Il faut interdire les sacs et emballages en plastique , et pas seulement en caisse dans les supermarchés. Nous n’avons pas le choix. Et il existe des alternatives, comme avec les algues par exemple. La pollution des océans par le plastique n’est malheureusement pas la seule, mais elle est tellement importante, dramatique, qu’elle doit servir de prise de conscience pour changer nos habitudes.
La pollution est perceptible au large, dans les lointaines mers du Sud même si elles sont moins polluées que nos côtes ou la Méditerranée, les mers du Grand Sud sont aussi souillées par du plastique.
« Le drame, c’est que les gens se disent, la mer est immense, mon déchet ne sera qu’une goutte d’eau dans un océan soi-disant vierge. Ainsi, la mer est devenu au fil des ans le dernier maillon environnemental. On y jette tout et elle ramasse tout. Les petits déchets de plastique finissent par créer de véritables continents. Les résidus sont ingérés par le plancton, puis par les poissons et l’ensemble de la chaîne alimentaire. C’est un désastre qu’il nous faut individuellement et collectivement stopper. »
D’une manière plus générale, on ne prend pas assez en compte la dimension maritime dans la lutte contre la pollution, le réchauffement climatique alors que nous venons de la mer, que la vie vient de la mer. Nous oublions le rôle central joué par les océans pour le climat.